LAICITE et SANTE PUBLIQUE thème de la Fête de la Laïcité de 2009

Publié le par Comité 1905 Draguignan

C’est le thème que nous avons retenu pour cette année et que devait traiter Patrick PELLOUX …mais il nous a laissé tomber, il nous a fait faux-bon il y a 3 jours sans nous proposer de remplaçant … c’est une mauvaise manière , comme on dit, que nous ne nous sommes pas encore expliquée !…

     Ceci étant , nous avons décidé de vous proposer une table ronde … sur le même sujet, avec nos seules forces et compétences, mais cela devrait nous permettre quand même d’avoir une discussion de qualité !

        Je remercie donc d’avoir accepté en dernière minute de participer à notre table ronde :

-          Micheline LECONIAC, médecin du travail en région parisienne,

-          Christian CHILLI, médecin généraliste en Dracénie,

-          Essaid HADDI, Sion SITRUK et Christian ZUMBO, tous trois médecins au Centre Hospitalier de Draguignan.

 

        En préambule, je voudrais insister sur le fait que la Santé Publique n’est pas un domaine qui serait réservé à des spécialistes ! tout citoyen doit se faire son opinion et agir dans le sens qui lui semble convenir  !

 

C’est ainsi que je vais commencer par vous donner ma position !

 

La laïcité, j’en ai déjà parlé dans mes propos de tout à l’heure,

je n’y reviendrai donc que brièvement , pour insister sur le fait que la laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres, ce n’est même pas une opinion ! C’est le principe institutionnel qui permet à chacun d’avoir son opinion !

 

L’article 1 de la Constitution précise la nature de la République qu’il qualifie comme « indivisible, laïque, sociale et démocratique » . Mais que reste-t-il de tous ces éléments ? Qu’en ont-ils fait ? On est en droit de dire que la République subit une très grave crise d’identité !

 

     C’est à la dimension sociale que nous allons nous attacher aujourd’hui.

Ceux qui nous gouvernent et se prétendent républicains ne cessent de s’attaquer à ce qui incarne pourtant le bien commun de tous les citoyens, je veux parler des services publics !

     Aucun service public ne trouve grâce à leurs yeux , tout y passe – la poste, le gaz, l’électricité, l’école , les transports, la sécurité sociale, la santé etc.. et les projets de destruction et de privatisation avancent le plus souvent masqués et  sous le prétexte d’une nécessaire modernisation et d’indispensables réformes…je ne reviens pas sur le mot réforme !

     Mais tout le monde ne sort pas voilé, je veux dire masqué ! Tout le monde ne se réclame pas de Jaurès pour faire n’importe quoi ! Non, certains avouent clairement leurs objectifs . Ils sont relativement nombreux à ne pas hésiter à être cyniques , mais je vais vous citer l’un d’eux, vice président des maîtres des forges..., non ça c’était avant la guerre,  …du CNPF… non ! ça c’était après ! J’y suis, Denis Kessler est vice-président du Medef … et il déclarait en octobre 2007 :

 

« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance (…) Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie. Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité Sociale, paritarisme… A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là . Il s ‘agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ».

 

Nous sommes au cœur de la discussion d’aujourd’hui, en plein dans notre sujet.

C’est en 1945, par les ordonnances des 4 et 19 octobre qui ont valeur de lois qu’est instituée la Sécurité Sociale.

En 1945 toujours qu’est créée l’Ecole Nationale de Santé Publique !

Et aussi le Comité Français d’Education à la Santé !

 

C’est un an plus tard, le 11 octobre 1946 qu’est promulguée la loi sur l’organisation de la Médecine du Travail, conçue comme exclusivement préventive dans l’objectif de protéger les salariés . Elle est à la charge et sous la responsabilité des employeurs, elle est sous le contrôle des salariés.

 

Mais revenons aux services publics cette notion qui découle directement du principe républicain d’égalité.

C’est un bien commun à tous les citoyens, une activité correspondant à un besoin collectif.

Il n’est donc question ni de concurrence, ni de rentabilité !

 

les principes énoncés dans le préambule de la constitution de 1946 vont exactement dans le sens inverse de ce qui se passe aujourd’hui,   privatisations réalisées ou programmées,

 

Je cite : « Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité. »

 

et dans son point 11, le même préambule de 1946 stipule :

 

11. « La nation garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de la collectivité des moyens convenables d'existence. »

 

 

La santé publique est directement concernée par tous ces textes fondateurs !

Mais Que voyons-nous dans la santé publique dont les objectifs ne devraient être que de permettre l’accès aux soins pour tous et l’organisation de la permanence des soins ??

Depuis la loi Chirac de 2007, poursuivie et aggravée par la loi Bachelot de 2009, la rengaine c’est de transformer l’hôpital en entreprise !

Et cela entraîne des objectifs contradictoires à ceux d’un service public, vital pour tous, comme l’est la santé publique !

L’hôpital entreprise, c’est la rentabilité instaurée comme loi ! C’est le productivisme, c’est le rendement et la concurrence tout à fait déloyale pour ne pas dire illégale avec le secteur privé, qui, lui,  bien-sûr n’est pas soumis aux obligations du secteur public ! !

         La santé publique est aujourd’hui réduite à la portion congrue, et les problèmes s’aggravent !

-          le 19 juin, l’Association des Médecins Urgentistes de France déclare dans un communiqué : » Aucun patient n’est une marchandise, nos hôpitaux ne sont pas des entreprises où un pseudo-PDG pourra demain décider quels sont les bons et les mauvais soins, quel est le projet médical que les médecins « à la botte » devront mettre en œuvre. (…) Nous entrons en résistance parce que nos valeurs sont différentes de celles de cette loi (Bachelot), nos valeurs sont celles du Conseil National de la Résistance et de notre république : « liberté, égalité, fraternité ».

-          le 3 décembre, la Fédération de la Permanence de Soins Hospitalière constate : il y a « désertification médicale de certaines parties du territoire, diminution des effectifs médicaux compétents, étranglement financier des structures hospitalières, poids croissant de l’hôpital public pour traiter des patients complexes aux âges extrèmes de la vie, recours croissant de la population aux services d’urgences des hôpitaux. »

-          et le 4 décembre, le Mouvement de Défense de l’Hôpital Public  lance une campagne de démissions collectives si le plan de suppression d’emplois soignants était maintenu. En effet, le gouvernement impose à l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris « une réduction budgétaire de 100 millions d’euros pendant 3 ans, entraînant mécaniquement la suppression d’environ 150 emplois de médecins et 1000 emplois de soignants non-médecins, après les 700 suppressions déjà réalisées en 2009 ».

…et l’on pourrait encore ajouter bien d’autres attaques ou lacunes graves, comme le manque flagrant de médecins scolaires pour assurer la prévention dans les écoles…

     mais je m’arrête là, et je voudrais conclure mon propos en abordant le problème essentiel du financement .

     On nous rebat régulièrement les oreilles avec le « trou de la sécu » et le coût exorbitant de la protection sociale…

     Comme je l’ai expliqué tout à l’heure, la sécurité sociale, la protection sociale, sont le produit d’un choix politique clair, le choix d’organiser la solidarité nationale républicaine. Et ce choix politique fut fait à la Libération, conformément au programme du Conseil National de la Résistance.

     Il est indispensable de bien préciser d’où vient l’argent de ce financement !

     Il vient de ce qu’on appelle le « salaire différé ».

     Le « salaire différé », ce sont les cotisations salariales et patronales versées aux caisses de sécurité sociale, aux régimes obligatoires de retraite complémentaire, à l’assurance chômage, etc… Cet argent, même quand il s’agit de la part patronale est donc le produit du travail du salarié. L’employeur effectue ces versements à différents organismes comme l’URSSAF, les ASSEDIC, les caisses de retraite complémentaire… Mais, ce qui se passe avec la fiscalisation croissante de la protection sociale, c’est que la notion même de « salaire différé » est menacée de disparition. Alors qu’une cotisation-maladie ouvre des droits aux prestations pour le salarié, l’impôt ne garantit en effet aucune contrepartie, car il  peut être reversé à des fonds différents d’une année à l’autre, en fonction du choix du gouvernement.

     Soyons encore plus clairs, la suppression progressive du « salaire différé » et de la protection sociale serait tout simplement du vol ! Ce serait une baisse des salaires qui ne dirait pas son nom !

     Le fameux « trou de la sécu » est d’ailleurs fabriqué de toutes pièces par l’Etat qui exonère les entreprises de leurs charges sociales…sous le prétexte qu’elles vont embaucher ! …, mais il n’y a jamais ni contrôle ni contrepartie !

     C’est donc un détournement de fonds, c’est un vol des salaires au profit des patrons !

     Et nous le savons aussi, l’Etat ne verse pas non plus à la Sécu ce qui devrait lui revenir des taxes sur le tabac, l’alcool, etc…

     Cela n’empêche pas de crier « A bas l’Etat-Providence ! » ceux qui ont été tout heureux de le rencontrer pour empocher les milliards par centaines , suite à la crise financière et économique qu’ils ont largement contribué à provoquer à l’automne 2008 !

     Ces gens-là sont en fait pour la nationalisation de leurs déficits et pertes mais pour  la privatisation de tout ce qui peut leur rapporter des bénéfices! La Santé Publique n’est pas leur souci !

     Comparons les 30 milliards fabriqués de dettes de la Sécu aux centaines de milliards versées pour renflouer les banques et nous avons la vision exacte de l’honnêteté républicaine de ceux qui bradent ainsi protection sociale et santé publique !

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article